lundi 25 janvier 2016

Chronique Filmique: Danish Girl (2016)

Je suis une grande défenseuse des droits des LGBT et une grande admiratrice de Eddie Redmayne et Alicia Vikander alors je ne pouvais pas rater Danish Girl.
Nous assistons à la révélation d’Einar un jeune peintre talentueux, qui suite à un service rendu à son épouse comprend et accepte l’envie profonde qui le ronge depuis des années : l’éclosion de sa vraie nature, Lili…

Bon j’avoue au début le côté carte postale bien stylisée et une vue du port entre chaque scène m’a franchement agacée et j’ai eu du mal à rentrer dedans. Puis, dès que l’on voit le « basculement » d’Einar tout prend sens car Eddie réussis magistralement à donner vie à Lili qui n’est pas juste « Einar en fille » (raccourci fait par les anti LGBT) mais une véritable personne totalement différente de lui.

Parlons donc de la performance d’Eddie dans les deux rôles. Déjà, la perte de poids est impressionnante, il est d’une finesse incroyable ce qui le rend déjà très doux et délicat (pas un homme des cavernes quoi !). C’est un mari aimant, attentionné, très drôle qui a une réelle connexion avec son épouse Gerda mais qui semble avoir pourtant un secret. On voit dans ses yeux, sa façon de vouter les épaules qu’il y a plus qu’il ne veut bien le dire, où qu’il n’ose simplement prendre conscience. C’est d’ailleurs par les yeux que l’on voit le changement, quand il accepte de s’effacer et de laisser libre cours à Lili. Ses yeux, sa posture et sa gestuelle (incroyable !!) nous permettent de voir Lili prendre vie. C'est une femme douce, timide, attachante et têtue mais qui aime aussi s'habiller de façon élégante et prendre soin d'elle

C’est d’ailleurs quand il décide de ne plus la faire taire, et d’être pleinement et enfin elle-même, qu’elle blesse Gerda. Alicia Vikander joue à la perfection ce rôle complexe, perdu entre son envie de soutenir un mari qu’elle aime profondément et son désespoir quand elle comprend qu’il n’est finalement plus là. A travers elle, on voit les stades par lesquels les proches passent, elle comprend que ce n’est pas un alter ego féminin, ou un travestissement, mais une tout autre personne.
Et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à pleurer. Voir la souffrance de Lili qui n’arrive pas à faire revenir Einar car elle a finalement éclos et voir celle de Gerda qui malgré tout son amour et sa force voudrait revoir réellement son époux avant de comprendre qu’il n’est plus là même quand Lili accepte de s’effacer. Einar est finalement mort au moment où il a compris qu’il était Lili au fond de lui.

Lili est le genre de personnage inspirant qui lutte pour devenir qui elle est vraiment, en se moquant des conventions et du regard des autres. Elle risque absolument tout pour vivre enfin après avoir céder le pas à Einar pendant des années. Sa sensibilité et sa douceur en font un être extrêmement touchant qui ne souhaite rien d’autre que d’être elle-même pleinement.

Cependant le personnage de Gerda n’est pas sans reste car on ne peut imaginer la souffrance qu’elle ressent. Le film se concentrant sur l’éclosion de Lili, il ne rentre pas vraiment dans la douleur de Gerda et c’est là tout le talent d’Alicia Vikander qui par son regard et son visage très expressif nous permet de voir la douleur abyssale qu’elle ressent. Car même si en tant que spectateur on ne peut que soutenir la volonté de Lili, on ne peut pas s’empêcher de la trouver parfois dure face à la souffrance de l’épouse d’Einar. Car pendant six ans cette femme a vécu un amour passionnel, vivifiant et solide avec son meilleur ami, son autre moitié, et du jour au lendemain elle doit accepter que en fait il est un homme à l’extérieur mais qu’au fond de lui il est Lili et que Lili aimera des hommes et veut porter des enfants. Gerda se retrouve seule mais à du mal à faire son deuil et à se détacher de la souffrance car son mari est toujours là d'une certaine façon finalement même s'il n'est plus Einar. C’est comme si leur amour et leur vie n’avait été qu’une mascarade .

Pourtant, elle va une nouvelle fois comprendre Lili et la soutenir dans ses choix, même si parfois la pression est trop dure. Son amour absolu pour Einar la pousse à soutenir et protéger Lili dans le douloureux parcours dans lequel elle s’engage.
Lili accepte de subir une opération novatrice consistant à l’ablation des parties mâles de son anatomie puis à la greffe d’un uterus. Et vu que nous nommes dans les années 1930 je vous laisse imaginer la douleur post opératoire. Et cela, nous donne encore une fois l’occasion de pleurer mais aussi d’être éblouit par le lien inébranlable qui unit Lili et Gerda.

Mais comme nous sommes dans les débuts des opérations de ce genre, en plein tâtonnement  concernant le corps humain, les choses se finissent mal. Et, je n’ai pu m’arrêter de pleurer devant la beauté de cette scène, de la justesse de jeu de Redmayne et Vikander.

Lili fut une pionnière, grâce à son intransigeance et à sa volonté indéfectible, la médecine a pu progresser et maintenant des hommes et des femmes peuvent enfin devenir qui ils sont réellement au fond d’eux-mêmes sans risquer la mort. Le soutient de Gerda nous prouve que l’amour véritable peut tout surmonter et que sa force n’a pas d’égal. 
Ce film est une somptueuse pépite qui au même titre que Brokeback Mountain devrait être montré aux antis LGBT pour qu’ils comprennent enfin ceux qu’ils traitent d’anormaux et d’immoraux.

Alors même si j’ai pleuré comme jamais au ciné, au point de devoir me retenir de me mettre en boule et de laisser libre cours à mon chagrin, et de pleurer encore en rédigeant cette chronique, je ne regrette rien car ce film m’a prouvé la raison de ma lutte pour l’égalité des droits et j’espère que les performances éclatantes d’Alicia et Eddie seront récompensées aux Oscars n’en déplaisent à Mr Léonardo-Dicaprio-je-choisis-mes-rôles-selon-leur-potentiel-aux-oscars.

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