Le personnage historique du jour #1

Ma passion de toujours reste intacte malgré mon changement de cap universitaire. L’Histoire reste MON truc.

Je vais donc utiliser mon blog comme une tribune pour parler de personnages historiques, souvent méconnus… Il risque d’y avoir de la passion et quelques jugements quand j’aime la personne en question ^^

Je commence donc avec mon roi des rois : Henri III de France de la dynastie Valois.

Certains le connaissent pour sa réputation sulfureuse (Merci A.DUMAS et sa foutue Reine Margot !!) mais il bien loin de tout ça.

Henri a le fameux désavantage historique de « clôturer » une dynastie, en gros c’est celui qu’on salit pour imposer et glorifier celle qui suit (dédicace à Richard III, Louis XVI et consorts). De plus, son règne prend place dans l’une des pires périodes de notre Histoire à savoir les Guerres de Religions ce qui n’aide absolument pas à faire le tri entre le vrai et le faux.

Henri est le fils du Roi Henri II et de son épouse Catherine de Médicis (oui oui la fameuse « empoisonneuse » encore une fois merci Dumas ! mais je parlerai d’elle à un autre moment) ce qui fait de lui le petit-fils de François Ier. Henri devient roi en 1574 et succède à deux de ses frères : l’un maladif et fragile qui n’a régné qu’un an (oui le bellâtre qui est de toutes les batailles dans Reign, hum hum), le second est devenu roi très jeune et il a eu la malchance de finir son règne avec le pic des Guerres à savoir la Saint Barthélémy (plus dégourdi que son ainé mais emprisonné dans son rôle…mais c’est une autre histoire). Bref, Henri arrive donc au pouvoir dans un pays ravagé par la guerre civile et les luttes de familles rivales (Guise VS Bourbon principalement) depuis plus de 10ans mais c’est un homme fait lui (23 ans) et surtout il a secondé son frère avec brio pendant des années et il a montré de telles aptitudes à gouverner et a fait preuve d’un si grand courage sur le champ de bataille que son aîné en a pris ombrage. La France semble sur le bon chemin, mais c’est sans compter sur la roue du Destin.

Physiquement parlant déjà Henri détonne : il est physiquement assez frêle et n'aime pas trop les sports violents, il aime prendre des bains (dans une époque où le futur Henri IV est réputé pour son odeur de crottin de cheval il fait tâche), il introduit à la cour un objet étrange, la fourchette, qu’il a ramené d’Italie car il n’aime pas manger avec ses doigts (le "propret" en apparence Louis XIV était connu pour manger son potage avec ses mains de façon très élégante selon mon prof d’histoire moderne !) et il aime s’habiller et être à la mode, c’est un passionné de théâtre qui aime à se déguiser (parfois en femme), et qui au vu de la situation de méfiance ambiante préfère s’entourer d’une sorte de garde secrète faite de combattants émérites et loyaux envers lui et uniquement lui : ceux que les pamphlétaires ont nommés Mignons pour accentuer sa féminité. De plus, s’étant marié par amour avec une jeune femme de petite noblesse française, Louise de Lorraine, ce qui ne lui apporte aucune alliance, et n’ayant de fait aucune maîtresse en titre il devient carrément suspect. En clair, pour faire court il est considéré comme homosexuel, et donc selon l’époque moins qu’un homme, pour les raisons sus nommées (qui a dit raccourci ? on se dénonce au fond !).

En plus il aime lire, il réfléchit beaucoup et pèse ses mots avant de les énoncer ce qui fait de lui une sorte de taiseux (ça tranche avec le braillard Henry IV c'est sur...) ce qui est encore une fois retenu contre lui!

Comme je l’ai dit nous sommes dans une période troublée, et un certain Henri de Guise, un catholique dit « Ultra » (un acharné de la Bible quoi), un ambitieux fouille m**de et manipulateur ne trouve rien de mieux que de mettre encore plus le bronx pour tenter de devenir roi lui-même (qui a dit Iznogoud ? on se dénonce !). En effet, pour rajouter à ses nombreux « défauts » déjà cités, Henri est incapable de donner un héritier à son épouse (il passe donc en plus pour un impuissant) ce qui fait que l’héritier du trône est un lointain cousin protestant : Henri de Navarre.  Ce qui n’est juste pas possible pour les catholiques du pays. D’où les multiples pamphlets, rumeurs ignobles, fausses déclarations qui court sur ce pauvre Henri.

Pourtant toute sa courte vie il s’est dédié à la France, il n’avait qu’une quinzaine d’année lors de ses premières batailles, il a lutté sans répit pour pacifier son royaume mais le travail de Guise avait fait son œuvre : le peuple lui-même s’est détourné de son roi et c’est Henri IV qui a récolté tous les fruits de son travail de pacification, car l’Edit de Nantes n’est qu’un retour sur les Edits précédents de Henri et de sa mère avant lui mais au contraire de lui Henri IV a les mains libres : les Guises sont morts et il est le représentant de l’autre famille, les Bourbons, ce qui empêche les contestations vu qu'il n'y a plus personne.

Henri III a eu le malheur de ne pas cadrer avec les stéréotypes de son temps, de devoir faire face à 2 factions religieuses représentées par 2 familles rivales qui se sont joyeusement écharpées pendant des années. Le malheur d’être un homme dévoué et amoureux de son épouse dans une époque où la masculinité se calcule à l’aune du nombre de maîtresses. Il a eu le défaut de ne pas avoir d’enfant, enfin selon la croyance populaire : je me suis toujours demandé s’il n’avait pas eu envie d’écharper le médecin qui a provoqué la fausse-couche de son épouse (d’un garçon en plus !) quelques mois après leur mariage car il lui a donné une « médecine » pour soigner son mal d’estomac ne la croyant pas quand elle a argué être enceinte. L'incompétence de ce médecin a causé de tels traumatismes internes que Louise n'a jamais pu concevoir à nouveau. Sans lui les Valois aurait peut-être résisté...

Finalement, Henri est arrivé trop tard, les Guise et Bourbons avait pris trop de pouvoir pendant le règne de son frère, et trop tôt, les gens n’avaient pas envie d’en finir…pas encore…

C’était un homme intelligent, capable, bon, honnête, un catholique fervent qui avait pourtant un grand respect pour la foi réformée mais qui a trop hésité à agir fermement face à ses ennemis, par esprit de conciliation. Un homme sans qui Henri IV n'aurait jamais accédé au trône.

Et pourtant ce dernier étouffe l'enquête sur l'assassinat d'Henri au prétexte d'une paix nouvelle et ne transfert même pas son cercueil auprès de ses ancêtres à Saint Denis. Il faut attendre la propre mort d'Henri IV pour qu'un ancien fidèle de Henri prenne sur lui de transférer le corps du dernier Valois avant l'enterrement du premier Bourbon.

Un roi fascinant mais malchanceux. Méconnu et surtout Mal connu, il mérite d'être défendu et mis en lumière. 

Il n'y a pas que Louis XIV et Versailles dans l'Histoire de France.